Pourquoi équiper les sites Seveso d’une rétention d’eaux d’incendies ?

L’incident de Lubrizol en 2019 nous a rappelé les risques industriels des sites dits Seveso soumis à une réglementation concernant la gestion des risques industriels. Des dizaines d’années avant, AZF à Toulouse avait déjà permis une première prise de conscience.

Qu’est-ce qu’un site Seveso ?

Du nom d’une catastrophe à une classification

Seveso est le nom d’une ville italienne où en 1976, un accident majeur est intervenu dans la société ICMESA, fabricant du trichlorophénol, un désinfectant utilisé pour les savons à usage médical. Un de ces réacteurs provoque l’émission de produits toxiques dont la dioxine et contamine 1800 hectares. Cette catastrophe et sa mauvaise gestion a donné son nom a une réglementation européenne dite directive Seveso en 1982, puis révisée deux fois, et sa dernière version SEVESO3 date du 4 juillet 2012 avec une entrée en vigueur en 2015.

On appelle ainsi communément un site Seveso, un site industriel fabricant ou exploitant des produits dangereux ou toxiques qui peuvent présenter des risques pour l’environnement, mais aussi pour la commodité des riverains, la santé, l’agriculture, nécessitant un cadre réglementaire.

 

Des installations classées pour la protection de l’environnement

Ainsi il revient à chaque état européen de répertorier les sites et de les classer selon leur niveau de risque, d’important à majeur et d’exercer des actions de contrôle selon le niveau de dangerosité évalué. Ces installations sont répertoriées sous l’appellation « installations classées pour la protection de l’environnement – ICPE ». Selon leur niveau de nuisance et/ou de dangerosité, ces ICPE fonctionnent soit sous un régime d’Autorisation (A), d’Enregistrement (E), Déclaration avec Contrôle (DC), Déclaration (D). « S » (pour Seveso)

 

Indicateurs des installations classées par la DREAL
Principaux chiffres des installations classées par la DREAL

 

Combien de sites Seveso existent-ils en France ?

Répartition sur le territoire et autorités de contrôle

La France compte plus de 500 000 sites ICPE dont 1379 sites Seveso.

Carte des sites Seveso en France

 

Sur l’ensemble de ces sites, la directive SEVESO3 les distingue selon leur seuil de risque (bas ou haut). Nous comptons en France 705 sites de seuil haut répartis sur le territoire de façon disparate. Sans surprise, les régions historiquement industriels comme les Hauts de France ou le long des fleuves, notamment la vallée du Rhône, comptent de nombreux établissements, certaines villes aussi comme Strasbourg ou Rouen (le site de Lubrizol étant en exposition directe dans la ville).

Il existe 1500 inspecteurs des risques industriels pour contrôler les 500 000 exploitations ICPE qui va de la station-service à une décharge en passant par toute installation utilisant des produits chimiques mais aussi pour contrôler les 1379 sites Seveso sur notre territoire.

Ils sont donc peu nombreux ceux dont le rôle est d’effectuer des contrôles réguliers. C’est pourquoi pour les installations les moins dangereuses, c’est aux entreprises de remplir un dossier d’enregistrement et de déclaration auprès des DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). Pour d’autres, les DREAL les accompagnent afin de mettre leur projet en conformité avec la réglementation. Certains cabinets peuvent également jouer ce rôle de conseil.

Renforcement des contrôles après la catastrophe Lubrizol

Pour autant, il existe encore des failles et des moyens renforcés seraient bienvenus. Imaginez, Lubrizol à Rouen a été contrôlé 39 fois en 5 ans depuis 2013 !

Cela n’a malheureusement pas évité l’accident majeur en 2019.

Le ministère de la transition écologique élabore un nouveau plan Post-Lubrizol qui vise à avoir une meilleure connaissance des matières stockées, tant sur leur composition que sur leur emplacement. Ce plan interdit également les récipients mobiles pouvant fondre et contraint les sites à mettre en place des extinctions automatiques dans tous les entrepôts.

« Ces renforcements concernent les obligations d’extinction automatique, de zone de collecte des liquides et eaux d’extinction, et l’évacuation de ces fluides vers des rétentions dans des conditions adaptées », précise le ministère.

Incidents industriels et rétention d’eaux d’extinction des incendies

Résultats d’une étude 2019

En 2019, une hausse de 12 % d’incidents dans les sites ICPE a été constatée. Malgré le cas Lubrizol, les incidents dans les établissements Seveso sont en baisse. Le Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) a réalisé un inventaire des accidents technologiques en 2019 et a recensé 1098 événements dont 275 dans les sites Seveso et 823 dans les installations classées ICPE.

Les chiffres à retenir de cette étude est que 21 % des accidents proviennent du secteur des déchets et les incendies arrivent en tête des catastrophes (59 % des cas) devant le rejet de matières ou d’explosions. Les causes des incidents sont majoritairement liées à des « défauts de matériels » selon l’étude, dû notamment « à des facteurs organisationnels ».

Conditions de stockages non conformes, incendies et rétention d’eaux d’extinctions.

Un des événements illustratif de 2019 est l’incendie du 2 juin 2019 dans un centre de tri, de transit et de stockage de déchets dangereux à Saint-Ouen-l’Aumône dans le Val d’Oise. Un feu a détruit 5000 m2 de bâtiments de stockage contenant des produits chimiques qui a nécessité l’intervention de 278 pompiers sur 3 jours, à l’évacuation du personnel, au confinement de la population avoisinante et au déversement d’une partie des eaux d’extinction dans le réseau d’eaux pluviales occasionnant une irisation de l’Oise.

C’est une des graves conséquences des incendies industriels : la pollution de l’environnement par les eaux d’extinctions salies par les produits chimiques. Si elles ne sont pas confinées, ces eaux sales rejoignent les réseaux pluviaux, ou les fleuves et rivières souvent situés à proximité, s’écoulent dans les sols contaminant ainsi les nappes phréatiques.

De nombreux sites industriels ne sont pas encore équipés de bassin de rétention des eaux en cas d’incendie ou de barrières permettant de confiner les eaux sales dans un espace clôt et étanche. Le confinement de ces eaux sales permet qu’elles soient, dans un second temps, pompées et traitées à l’extérieur.

Solutions Interalliance de rétention des eaux d’extinctions

Cas d’illustration U-LOG, logistique des supermarchés U

Interalliance propose des solutions de confinement des eaux d’incendies de façon à mettre en conformité les établissements classés ICPE dont les sites Seveso. Nous intervenons aussi bien pour des grandes zones de stockages dans la distribution alimentaire, dans le stockage d’alcool ou sur des sites de fabrication de produits chimiques.

En 2019, nous avons par exemple protégé une partie des zones de stockage des entrepôts HYPER U à Langon d’une surface de 8000 m2.

Pour évaluer les hauteurs des barrières de rétention, nous avons bien sur utilisé le référentiel D9a pour connaître les besoins en volume d’eau en cas d’incendie.

Nous leur avons proposé 10 barrières de rétention en inox qui se déclenchent automatiquement par sonde individuelle et par une armoire de commande. Une batterie prend le relais en cas de coupure d’électricité.

Quels sont les bénéfices d’une mise en conformité de rétention d’eaux d’incendies ?

  • Protéger avant tout la vie des hommes

  • Préserver l’environnement

  • Permettre la poursuite des activités.

    En contenant les eaux dans un espace délimité, cela évite que tous les bâtiments ne soient concernés par la pollution et cela isole les zones de stockage entre elles.